Avant-hier, je me suis envoyée une lettre de rupture.

En recommandé avec accusé de réception pour que je ne vienne pas me dire après que je ne l'avais pas reçue.

Je me connais.

Elle est arrivée ce matin.

Le facteur m'a fait signer l'accusé de réception avec un petit sourire en coin.

Quand je l'ai ouverte, j'ai tout de suite reconnu mon écriture.

Je peux vous dire que ça m'a fait mal de lire tout ce que je me suis écrit.

Il n'y avait que des reproches.

Pas un mot sur les bons moments qu'on a passés ensemble.

Des reproches débiles.

Des trucs que j'avais oubliés.

Des trucs que j'aurais même pas pensé que je m'étais fait.

C'était à pleurer.

D'ailleurs j'ai éclaté en sanglots.

Et puis là...

POISSON D'AVRIL ! que je me dis en me tapant sur la cuisse.

Je peux vous dire que ça ne m'a pas fait rigoler.

Depuis ce matin, je me fais la gueule.

Franchement, c'est nul comme blague.

J'ai vu le notaire pour lui donner mon testament.

J'ai écrit que si Marie-Noëlle me flanque à la maison de retraite, je la déshérite.

C'est pour ça que je vis chez elle.

Pour mon anniversaire, elle m'a acheté un collier avec un pendentif porte-adresse chromé pour chien.

Dessus, elle a écrit mon nom, mon prénom, son adresse, son numéro de téléphone et le montant de la récompense si on me ramène :

10 euros.

Voilà ce que je vaux pour elle.

Depuis le 15 janvier, je me suis perdue 34 fois : 

340 euros.

Je me perds parce que j'aime bien qu'on me retrouve.

Il faut que je retourne voir le notaire.

Parce que sur mon collier avec le pendentif porte-adresse en acier chromé pour chien, elle a tout effacé maintenant.

Elle a juste écrit " Gardez-la".

La preuve que la vie est une loterie puisqu'il faut la gagner.

La journée des droits de la femme, moi, je m'en fous. Je m'en fous du ménage, du lavage, du repassage, du linge à faire sécher, de l'aspirateur à passer, des gosses à faire bouffer, du chat à faire stériliser, de la voiture à nettoyer, des courses au supermarché, de la prostate de Tonton Dédé, des factures à payer avant le 8 mars sous peine de saisie  ...

Merde !

Qui c'est qui frappe ?

Les huissiers !

Je m'en fous.

Ils n'ont qu'à tout emporter.

Puisque je vous dis que je m'en fous.

La journée des droits de la femme, je m'en fous de tout.

J'ai le droit quand même !

Mais oui, c'est ça ! Emportez tout ! Le ménage, le lavage, le repassage, le linge à faire sécher, l'aspirateur à passer, les gosses à faire bouffer, le chat à stériliser, la voiture à nettoyer, les courses au supermarché, la prostate de Tonton Dédé...

Comme ça je serai débarrassée.

Autant que j'en profite.

Puisque c'est ma journée.

Si tu ne veux pas avoir le moral dans les chaussettes, arrête d'en mettre.